Avant qu’un dirigeant ne donne son feu vert à un projet qui pourrait coûter des milliers (ou des millions) de dollars, vous pouvez parier qu’il voudra voir une étude de faisabilité. Qu’est-ce qu’une étude de faisabilité en gestion de projet ?
La phase de faisabilité est généralement réalisée avant toute étape initiale d’un projet, y compris la planification. C’est l’un des facteurs les plus importants, sinon le plus important, pour déterminer si le projet peut aller de l’avant. L’étude identifie le marché du projet (le cas échéant), met en évidence les principaux objectifs du projet, identifie les obstacles potentiels et propose des solutions alternatives, et tient compte des exigences en matière de temps, de budget, de législation et de main-d’œuvre pour déterminer si le projet est non seulement possible, mais aussi avantageux pour l’entreprise.
Bien que les chefs de projet ne soient pas nécessairement ceux qui réalisent l’étude de faisabilité, ils peuvent servir de lignes directrices essentielles au moment du démarrage du projet. Les chefs de projet peuvent utiliser l’étude de faisabilité pour comprendre les paramètres du projet, les objectifs commerciaux et les facteurs de risque en jeu.
L’étude de faisabilité est une étape clé dans la gestion de projet, elle permet d’évaluer si un projet est viable techniquement, économiquement et juridiquement. Cette étape permet aux parties prenantes du projet de comprendre les risques et les avantages potentiels du projet avant de décider s’il doit être poursuivi ou non.
Une étude de faisabilité peut être menée à différents stades du projet, mais elle est généralement réalisée en début de projet avant que des ressources importantes ne soient engagées. Cette étape peut également être réalisée à plusieurs reprises au cours du projet afin de s’assurer que le projet reste viable.
L’étude de faisabilité peut couvrir un large éventail de domaines, y compris la technologie, les ressources humaines, les aspects juridiques et réglementaires, l’impact environnemental et l’analyse de rentabilisation. Voici quelques éléments clés qui peuvent être inclus dans une étude de faisabilité :
A – Analyse des besoins :
L’analyse des besoins est une étape cruciale dans la gestion de projet, car elle permet d’identifier les besoins et les attentes des parties prenantes, afin de définir les fonctionnalités et les caractéristiques du produit ou du service à développer.
Cette analyse doit être effectuée de manière exhaustive, en prenant en compte les besoins et les attentes de toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse des clients, des utilisateurs, des partenaires ou des employés de l’entreprise.
Pour réaliser une analyse des besoins efficace, il est important de mettre en place une méthodologie rigoureuse, qui peut inclure les étapes suivantes :
- Collecte des informations : cette première étape consiste à collecter des informations auprès des parties prenantes, à travers des entretiens individuels, des sondages, des études de marché ou des analyses de données.
- Analyse des données : une fois les données collectées, il est important de les analyser pour en extraire les informations pertinentes, qui permettront de définir les besoins et les attentes des parties prenantes.
- Définition des besoins : sur la base des informations collectées et analysées, il convient de définir les besoins et les attentes des parties prenantes, en identifiant les fonctionnalités et les caractéristiques du produit ou du service à développer.
- Priorisation des besoins : une fois les besoins identifiés, il est important de les hiérarchiser en fonction de leur importance et de leur impact sur la satisfaction des parties prenantes.
- Validation des besoins : enfin, il convient de valider les besoins identifiés auprès des parties prenantes, afin de s’assurer de leur pertinence et de leur adéquation aux attentes de chacun.
L’analyse des besoins est une étape qui permet de définir les spécifications du produit ou du service à développer, en prenant en compte les attentes et les besoins des parties prenantes. Elle doit être réalisée avec rigueur et méthode, afin d’identifier tous les besoins et les attentes des parties prenantes, et de les hiérarchiser en fonction de leur importance et de leur impact sur la satisfaction globale.
B – Évaluation des alternatives :
Une fois les besoins identifiés et analysés, il est temps d’examiner les différentes alternatives pour répondre à ces besoins. Cette étape consiste à évaluer différentes options et à déterminer quelle option convient le mieux pour répondre aux besoins du projet. L’évaluation des alternatives doit tenir compte des critères de sélection du projet qui ont été définis lors de la phase précédente.
Voici quelques exemples d’alternatives qui peuvent être examinées lors de cette étape :
- Faire le travail en interne : Cette option implique de faire le travail en interne avec des ressources existantes. Elle peut être considérée si les ressources et les compétences nécessaires sont disponibles en interne. Cela peut également être une option moins coûteuse, car il n’y a pas de coûts supplémentaires liés à l’embauche d’une tierce partie.
- Externaliser le travail : L’externalisation est une option courante pour les projets qui nécessitent des compétences spécifiques qui ne sont pas disponibles en interne. Elle peut également être considérée si l’entreprise ne dispose pas des ressources nécessaires pour mener à bien le projet. L’externalisation peut être plus coûteuse, car il y aura des coûts supplémentaires liés à l’embauche d’une entreprise tierce.
- Acheter une solution clé en main : Cette option implique l’achat d’une solution clé en main qui répond aux besoins du projet. Cela peut être considéré si une solution existante répond aux besoins du projet. Cela peut également être une option moins coûteuse, car il n’y a pas de coûts de développement supplémentaires.
- Développer une solution personnalisée : Cette option implique de développer une solution personnalisée pour répondre aux besoins du projet. Cela peut être considéré si les besoins du projet sont uniques et ne peuvent pas être satisfaits par une solution existante. Cela peut être plus coûteux, car il y aura des coûts de développement supplémentaires.
L’évaluation des alternatives doit prendre en compte les avantages et les inconvénients de chaque option et évaluer comment chaque option répondra aux critères de sélection du projet. Les avantages et les inconvénients de chaque option doivent être documentés pour faciliter la prise de décision finale. Lorsque toutes les alternatives ont été évaluées, l’option qui répond le mieux aux besoins du projet doit être sélectionnée.
C – Évaluation des risques :
L’évaluation des risques est une étape importante dans l’étude de faisabilité d’un projet. Cette évaluation permet de déterminer les risques associés à la mise en œuvre du projet et d’identifier les mesures qui doivent être prises pour atténuer ces risques.
Pour évaluer les risques, il est important de se concentrer sur les éléments suivants :
- Identifier les risques potentiels : il est important de passer en revue tous les aspects du projet et d’identifier les risques potentiels qui pourraient survenir. Il peut s’agir de risques liés à la technologie, à la sécurité, à la réglementation, aux ressources, etc.
- Évaluer l’impact des risques : une fois les risques identifiés, il est important d’évaluer l’impact potentiel de chaque risque sur le projet. Cela peut inclure des retards dans les délais, une augmentation des coûts, une perte de qualité ou de sécurité, etc.
- Évaluer la probabilité d’occurrence : il est important d’évaluer la probabilité que chaque risque se produise. Cela peut être fait en utilisant des données historiques, des informations provenant de parties prenantes, des données de marché, etc.
- Planifier des mesures d’atténuation : une fois les risques évalués, il est important de planifier des mesures d’atténuation pour réduire l’impact des risques sur le projet. Ces mesures peuvent inclure des plans de contingence, des plans de réduction des risques, des plans d’assurance qualité, etc.
- Mettre en place un système de surveillance et de contrôle : enfin, il est important de mettre en place un système de surveillance et de contrôle pour surveiller l’évolution des risques et prendre des mesures supplémentaires si nécessaire.
En identifiant les risques potentiels et en mettant en place des mesures d’atténuation pour les réduire, permettront aux gestionnaires de projet de minimiser les impacts négatifs et garantir que le projet est livré à temps, dans le budget et avec la qualité attendue.
D – Évaluation des coûts :
L’évaluation des coûts est l’étape la plus cruciale dans l’étude de faisabilité d’un projet. Elle permet d’identifier et d’analyser les coûts associés à la réalisation du projet, en tenant compte de toutes les variables pertinentes. Cette étape est importante car elle permet de déterminer la rentabilité potentielle du projet et de s’assurer que le budget alloué est suffisant pour couvrir les coûts.
Il existe plusieurs éléments à considérer lors de l’évaluation des coûts d’un projet, tels que :
- Les coûts directs : ce sont les coûts associés aux ressources nécessaires à la réalisation du projet, tels que le personnel, le matériel, les fournitures, etc.
- Les coûts indirects : ce sont les coûts qui ne sont pas directement associés à la réalisation du projet, mais qui y sont tout de même liés, tels que les coûts de gestion, les coûts de maintenance, les coûts de formation, etc.
- Les coûts de développement : ce sont les coûts associés à la phase de développement du projet, tels que la conception, la planification, l’analyse, etc.
- Les coûts d’exploitation : ce sont les coûts associés à l’utilisation du produit ou service final, tels que la maintenance, les mises à jour, les réparations, etc.
- Les coûts de marketing et de vente : ce sont les coûts associés à la promotion et à la vente du produit ou service final.
Il est important de prendre en compte tous ces éléments pour avoir une évaluation complète et précise des coûts du projet. Une fois les coûts identifiés, il est nécessaire de les estimer en utilisant des techniques appropriées, telles que l’estimation ascendante ou descendante, l’estimation comparative, l’estimation paramétrique, etc.
L’évaluation des coûts doit également être réalisée en parallèle avec l’évaluation des bénéfices potentiels du projet. Cela permet de déterminer la rentabilité du projet et de s’assurer que le retour sur investissement est suffisant pour justifier la réalisation du projet.
Enfin, il est important de noter que l’évaluation des coûts est une étape dynamique qui doit être mise à jour régulièrement tout au long du projet pour tenir compte des changements qui pourraient survenir en cours de route. Cela permet de s’assurer que le projet reste sur la bonne voie et que les coûts restent sous contrôle.
E – Évaluation des avantages :
L’évaluation des avantages consiste à analyser les retours sur investissement et les avantages pour l’entreprise, afin de déterminer si le projet est viable ou non.
L’évaluation des avantages implique l’identification des avantages potentiels du projet et l’analyse de leur impact sur l’entreprise. Les avantages peuvent être de différents types, tels que financiers, stratégiques, opérationnels ou environnementaux.
Pour évaluer les avantages, il est important de définir des critères de mesure clairs et de les appliquer à chaque alternative étudiée. Les critères de mesure peuvent inclure des éléments tels que les coûts, les délais, la qualité, la satisfaction des clients, la réduction des risques, la réduction de l’impact environnemental, la rentabilité ou encore l’impact sur l’image de l’entreprise.
Une fois les critères de mesure définis, il convient d’attribuer une pondération à chacun d’entre eux en fonction de leur importance relative. Cette pondération peut être basée sur une analyse coûts-bénéfices, une analyse multicritère ou une analyse de la valeur.
Ensuite, il est nécessaire de réaliser une analyse comparative des avantages de chaque alternative étudiée. Cette analyse doit permettre de déterminer quelle alternative présente les avantages les plus importants pour l’entreprise.
Enfin, il est important de prendre en compte les incertitudes et les risques associés à chaque alternative, afin d’évaluer leur impact sur les avantages attendus. Cette étape permet d’obtenir une évaluation réaliste des avantages potentiels du projet.
En résumé, l’évaluation des avantages est une étape clé de l’étude de faisabilité d’un projet, qui permet de déterminer si celui-ci est viable ou non en analysant les retours sur investissement et les avantages potentiels pour l’entreprise.
F – Analyse de la rentabilité :
Analyser la rentabilité d’un projet permet de déterminer si ce dernier est viable financièrement. Pour cela, il faut d’abord estimer les coûts et les bénéfices associés au projet.
Les coûts comprennent tous les investissements nécessaires pour mener à bien le projet, tels que les coûts de développement, les coûts de main-d’œuvre, les coûts de marketing et les coûts d’infrastructure.
Les bénéfices, quant à eux, comprennent les avantages financiers, tels que les revenus, les économies réalisées et les avantages fiscaux.
Une fois les coûts et les avantages identifiés, il est temps de calculer la rentabilité du projet. Cela se fait généralement en utilisant l’un des deux ratios suivants :
– Le ratio bénéfice/coût (B/C) :
Le ratio bénéfice/coût, souvent abrégé sous l’acronyme B/C, est un indicateur clé utilisé pour évaluer la rentabilité d’une initiative ou d’un investissement. Ce ratio compare les avantages nets attendus d’une action ou d’un projet (bénéfices) aux coûts associés à sa mise en œuvre.
La formule générale du ratio bénéfice/coût est la suivante :
B/C = Bénéfices Nets / Coûts
Où :
– Bénéfices Nets : Il s’agit de la différence entre les avantages totaux attendus et les coûts totaux associés au projet. Les avantages nets représentent donc les gains économiques nets que l’initiative devrait générer.
– Coûts : Ce sont les coûts totaux liés à la conception, à la mise en œuvre et à l’exploitation du projet.
Interprétation du ratio B/C :
– Si B/C > 1 : Cela indique que les avantages nets dépassent les coûts, ce qui signifie que le projet est potentiellement rentable. Un ratio élevé (par exemple, B/C > 2) suggère une rentabilité plus élevée.
– Si B/C = 1 : Les avantages nets sont égaux aux coûts, indiquant un équilibre financier. Dans ce cas, le projet ne génère pas de surplus de bénéfices, mais il ne génère pas de pertes non plus.
– Si B/C < 1 : Cela signifie que les coûts dépassent les avantages nets, ce qui indique un projet potentiellement non rentable.
Il est important de noter que le ratio B/C est un outil d’analyse parmi d’autres dans le processus de prise de décision. D’autres facteurs, tels que les facteurs qualitatifs, les risques associés au projet et les contraintes budgétaires, doivent également être pris en compte pour prendre une décision éclairée quant à la viabilité d’un projet ou d’une initiative.
– Le taux de rendement interne (TRI) : c’est un indicateur financier utilisé pour évaluer la rentabilité d’un investissement ou d’un projet. Il mesure le taux de croissance attendu du flux de trésorerie d’un investissement et permet de déterminer si cet investissement est potentiellement rentable.
La formule du TRI est la suivante :
L’analyse de la rentabilité permet de s’assurer que le projet est en mesure de générer des bénéfices pour l’organisation. Sinon, il est préférable de l’abandonner ou de le restructurer plutôt que de gaspiller des ressources précieuses sur un projet non rentable.
En somme, l’étude de faisabilité est une étape importante dans la gestion de projet, elle permet de comprendre si un projet est viable avant de l’engager. Elle permet également d’identifier les risques et les opportunités associés au projet et de mettre en place des plans pour les gérer.